jeudi 29 novembre 2012

J'ai pété ma bulle



Depuis quelques jours, ça flottait dans l’air :

-          Maman, y’a des amis qui disent que le Père Noël n’existe pas!

Ça revenait presque tous les jours en ce moment. Pourquoi donc? Ha oui c’est vrai, Noël s’en vient!

Hier soir à la sortie du service de garde, j’ai comme eu de la pitié pour mon fils :

-          Maman, y’a des amis dans ma classe qui disent que ce sont les parents qui apportent les cadeaux!
-          Toi, qu’est-ce que tu crois dans ta tête et dans ton cœur?
-          Ben, que c’est le Père Noël, a-t-il déclaré, un peu gêné.

Alors, Raph s’est mis à fouiller dans mes yeux en quête de vérité :

- C’est toi maman qui apporte les cadeaux? En? En? En?

J’ai flanché.


- Ben oui Raph, le Père Noël n’existe pas… ai-je admis, très gênée.

Ça été un peu beaucoup la débandade. Pour tout vous dire, j’avais le motton. Comme si je venais de tuer l’enfant en moi. Pour tout vous dire, Raph avait le motton. Comme si je venais de tuer l’enfant en lui.

Silence.

-          D’abord, qui déposait les cadeaux sous le sapin?
-          C’est moi, extrêmement gênée

Long silence.

Nous sommes montés dans la voiture. Je voyais bien ses yeux luisant de déception miroiter dans la fenêtre arrière. J’ai brisé la glace :

-          T’es décu hein?
-          Oui
-          T’es déçu que le Père Noël n’existe pas ou que maman t’ait fait croire qu’il existait?
-          Les deux

Silence interminable.

J’avais déjà entendu des gens admettre ne pas vouloir faire vivre la tradition du Père Noël à leurs enfants, histoire de ne pas attirer leur mépris une fois le pot-aux-roses découvert. Je trouvais le principe ridicule. J’ai remis mon jugement en question le temps d’une désillusion. Je me suis remémorée les belles années de mon enfance, tandis que mon père quittait la messe en catimini pour aller déposer les cadeaux sous le sapin. J’ai refait la paix avec la supercherie le temps d’un émerveillement.

Car, il faut le dire, l’époque où on en met plein le cœur aux tout-petits avec la légende du Père Noël est l’une des plus magiques. D’autant plus que de nos jours, nous avons les moyens de frapper davantage l’imaginaire :

-          Qui m’a envoyé le vidéo du Père Noël hier? (PNP)
-          Euh, moi… Mais je vais te montrer comment ça marche!

J’étais prête à tout pour me déculpabiliser. Pour ce faire, mon fils et moi avons monté un message personnalisé : À Raph de la part du Père Noël. Ça lui a donné l’impression de faire partie du secret et je crois, permis de ravaler sa déception.

En même temps, j’ignore si j’étais une bonne fabriquante de magie. Je crois simplement que j’ai un enfant facile. Facile à émerveiller. Un enfant qui voulait y croire. Qui s’était investi de la mission de jouer le jeu, juste parce que c’est plus l’fun de croire au Père Noël. Raph avait compris que la période des Fêtes peut cruellement être triste. Surtout quand on devient grand. 

Or, dans le but inavoué de répandre le bonheur dans le cœur des adultes autour de lui, jusqu’ici, il avait prétendu croire au Père Noël. Maintenant, c’est sans équivoque: Raph ne peut plus jouer les sceptiques. Je lui ai formellement déclaré toute la vérité. Ç’en ai fait de sa naïveté. J’ai non seulement déçu mon fils, mais j’ai pété ma bulle. À présent, j’ai le sentiment étrange d’avoir laissé filer une part d’émotion du temps des fêtes. Est-ce un travail d’amateur? J’en sais trop rien.

Noël et son effervescence commencent à se faire sentir. Dehors, une douce neige vient mettre un baume sur mon désenchantement. Il devrait en être de même pour Raph, certainement en train de jouer sous les flocons avec ses copains. Ceux-là même qui lui ont mis la puce à l’oreille. Petits sacripants va! Quoi que l’insouciance les a probablement déjà transporté vers une nouvelle fabulation. Ils ont l’imagination si fertile. Même chose pour moi, sauf que je l’ai mise au service de la culpabilité.

À moins d’un mois de Noël, il est grand temps d’activer la machine à enthousiasme. Après tout, bientôt je serai rassemblée autour d’une bonne table avec les êtres qui me sont le plus chers, dans un esprit d’amour et de partage. Et, je ne saurais expliquer pourquoi, mais j’ai l’impression que le Père Noël passera par chez nous.  


Il ne faut jamais cesser de croire…

dimanche 25 novembre 2012

Du village de Nathalie au Gangnam Style


Je vieillis. Est-ce que cela doit pour autant dire que je m’aigris? Certainement pas. Pourtant, il y a des phénomènes qui me font dire : « Dans mon temps, c’était pas de même!». Comme une vieille grincheuse restée accrochée à son époque.

Je vais vous épargner mon opinion sur les réseaux sociaux. Tout ce que j’ai envie de vous dire, c’est qu’ à force d’en faire bon et mauvais usage, je me suis imposée des règles d’éthique. Contrairement à beaucoup d’utilisateurs. Tant mieux pour moi me direz-vous. Vous avez raison.

De nos jours, outre les réseaux sociaux, on trouve sur internet, comment dire, TOUT. Et, ça s’adonne que mon fils est de cette époque où TOUT lui est accessible. La vieille que je deviens se dit qu’on est loin du Village de Nathalie. Dans ce temps là, une jeune fille vêtue de bleu chantait des chansons dans un décor en carton et avait pour ami, entre autres, une boîte à malle.

En 2012, sur internet, la nostalgie peut facilement nous porter. Suffit de taper les bons mots pour revoir les émissions qui ont marqué notre enfance. En 2012, sur internet, il y a d’autres phénomènes qui peuvent nous porter. Raph en a fait la découverte récemment : Le Gangnam Style. Depuis, il ne se passe pas un soir sans qu’il ne le regarde. L'affaire, c'est qu'on s’y brasse royalement le derrière.

Bien sûr, je pourrais lui interdire de regarder ce type de vidéo, mais en même temps, c’est sa génération. Ce sont ces souvenirs là qu’il emportera avec lui dans ses soirées retrouvailles: « Hey Mike, tu te rappelles combien on se chamaillait dans la cour d’école? ». C’est sur fond de ces déhanchements qu’il aura l’air de radoter auprès de ses enfants :  « Quand j’avais ton âge, mon meilleur ami et moi, on passait les belles journées d'été à jouer à la Xbox. On savait donc s’amuser dans ce temps là…». 

À chaque époque, ses phénomènes. Certes, il y en a des plus préoccupants que d’autres, car entre une boîte à malle dansante et les trémoussements d’un étrange bonhomme entouré de filles sexy, tout le monde sait lequel marque le plus l’imaginaire. Quoi que, c’est encore drôle! Il y a aussi des phénomènes générationnels plus amusants que d’autres. J’avoue qu’entre le village de Nathalie et le Gangnam Style, je vote pour le dernier. Il en a de la chance, Raph, de pouvoir se divertir ainsi.

Tout compte fait, j’ai envie de crier : Vive le world wide web divertissement!

samedi 17 novembre 2012

La madame était pas contente


Les enfants possèdent ce don à la fois cruel et extraordinaire de nous amener à nous remettre en question. En tant que parent. En tant que personne. Cette semaine, ça été plutôt difficile à la maison. En ce moment, Raph est insolent. Il défi l’autorité et n’est pas tellement à ses affaires. Raph est étourdi. Il ne se passe pas une journée sans qu’il n’ait oublié (Lire perdu) un livre à l’école, une mitaine dans la cour d’école, sa boîte à lunch on ne sait trop où. Rien pour se réjouir, car au-delà du fait que cela dénote un manque de responsabilité, le porte-feuille en prend un coup. Mercredi, Raph a fait une déclaration choc à sa grand-maman :

- Grand-maman : Tu as oublié ton agenda à l’école? Ta maman ne sera pas contente.

- Raph : Même si je ne l’avais pas oublié, elle ne serait pas contente pareil.

Et vlan, comme une gifle en plein visage! Et vlan, comme une remise en question qui s’impose d’elle-même! Et re-vlan, comme une preuve tangible que je déçois mon fils! Le petit hamster a commencé à spinner très vite dans ma petite tête de fille hyper-sensible. La madame était pas contente d’elle.

En même temps, je me dois de faire mon devoir de parent, non? Il faut démontrer son mécontentement lorsque son enfant a des mauvais agissements, non? Il faut souligner les bons coups, mais il faut aussi parler des moins bons, non? Et, soudainement, ce sentiment étrange qu’on ne retient que le négatif émerge. Pourquoi n’ai-je pratiquement jamais entendu mon fils se targuer d’avoir reçu des éloges? Aurais-je négligé de lui en faire pendant toutes ces années? Impossible, je suis si fière de lui.

D’ailleurs, javais toutes les raisons de l’être suite à la rencontre de parents pendant laquelle son professeur nous a décrit un Raph travaillant, engagé, motivé et performant. Un beau tremplin pour redémarrer la machine à compliments et repartir sur une base positive. Mais, il y a eu ce mais… Moins de 24 heures après les bonnes nouvelles, il y a eu cet appel :

- Moi : Oui, allo!

- Papa : Allo, je suis à l’école et Raph a perdu sa tuque. On ne la trouve plus ni au service de garde, ni dans sa case. Elle n’est même pas dans les objets perdus.

- Moi : QUOI?! C’est la deuxième qu’il perd en deux jours.

Il fallait le réprimander, non? Toute les félicitations de la veille envolées le temps d’un incident banal. Et voilà que la madame était pas contente. Une fois de plus. Deux tuques disparues en deux jours. Faut le faire, non? Et si Raph était victime de taxage? Et si on était en train de le gronder à torts et à travers? J’aurais toutes les raisons du monde de m’en vouloir d’être une madame jamais contente.

Être parent est un défi de tous les instants. Je vous l’avoue, il y a de ces jours où je me sens vraiment démunie. Ma bonne et ma mauvaise conscience sont plus que mises à l’épreuve. Mais, je vous l'jure, je suis fière de Raph. Si seulement il pouvait s'en rendre compte...